Le cas Charlotte Lucas


Dans Orgueil et préjugés

de Jane Austen

Pride and prejudice / Lizzie Bennett / Charlotte Lucas

Pourquoi parler de Charlotte Lucas?

(Et qui est Charlotte Lucas ?)


Charlotte Lucas est un personnage secondaire d'Orgueil et préjugés.
Amie d'Elisabeth Bennet, Charlotte est, à la fois, plus âgée que cette dernière (27 ans au début de l'histoire) et moins jolie qu'elle.
La description de Mrs Bennet est sans équivoque lorsqu'elle parle d'elle, avec une certaine partialité, à Mr Bingley :

"... et les demoiselles Lucas sont fort gentilles. C'est dommage seulement qu'elles ne soient pas plus jolies ; non pas que je trouve Charlotte vraiment laide, mais aussi, c'est une amie tellement intime."

Si Charlotte est la fille aîné de William Lucas, ou plutôt, de Sir William Lucas, elle est aussi dans une situation précaire : à 27 ans, elle n'a guère de chance de se voir proposer le mariage et a peur de se retrouver vieille fille et à la charge du reste de sa famille.
Il est, d'ailleurs, à noter que ce sont les mêmes considérations qui poussent la mère de Lizzie à marier ses cinq filles.

C'est à cause de cette situation que Charlotte fait le choix d'épouser M. Collins. Et c'est ce choix qui fait de Charlotte Lucas, un personnage controversé d'Orgueil et préjugés. A t'elle eu raison, a t'elle eu tort d'accepter la demande de Mr Collins? Le débat est ouvert.
Avec une franchise désarmante, elle avoue que seul le confort matériel l'a poussé à accepté. Qui en aurait douté de toute façon?


Pride and prejudice / 1995 / BBC


Et surtout qui aurait envie d'épouser M. Collins?
Pas Elisabeth Bennet qui le refuse immédiatement et ne reviendra pas sur son choix.
On la comprend : M. Collins n'a pas grand chose pour lui. Il fait des discours forts convenus, n'a pas un physique de rêve, est complètement soumis au bon vouloir de Lady Catherine de Bourgh, au point de dire lors de sa demande en mariage à Lizzie que si il veut l'épouser c'est, tout d'abord, pour faire plaisir à Lady Catherine qui souhaite le voir marier.
Mr Collins fait la risée de M. Bennet. Qui a la satisfaction de voir que Charlotte Lucas est, selon ses propres dires : "plus idiote que ses propres filles" puisqu'elle épouse l'homme qu'il n'aurait voulu voir épouser pour rien au monde par sa fille Lizzie. Les discours pompeux de Mr Collins ne parlent pas en sa faveur. Son manque de manières est flagrant. Et ses phrases commençant sans cesse par : "Lady Catherine pense que ..." sont horripilantes.

De plus, M. Collins mérite sans aucuns doute tous le mal que nous, lecteurs, pouvons penser de lui. Il nous suffit de voir les lettres envoyées, par ce dernier, aux filles Bennet lorsqu'elles sont au plus bas, après la fuite de Lydia. Aucun réconfort, ce qui pour un homme d'église est assez dérangeant, seulement la satisfaction de ne pas être lié à une telle famille et il ajoute qu'il aurait mieux valu que Lydia soit morte. Je n'aimerais pas me confesser à un tel homme !

Mr Collins n'est ni un homme intelligent, ni un homme bon. Nous ne pouvons en douter.


Épouser M. Collins, un choix intelligent ? 


Charlotte Lucas choisit, pourtant, de se faire épouser par M. Collins au grand désarroi de son amie Elisabeth. J'insiste sur le mot : Choisit car c'est bien Charlotte qui décide de son destin. Qui voit que Mr Collins peut "tomber amoureux" facilement de n'importe quelle jeune fille pourvue que cette dernière se montre gentille avec lui et un peu encourageante. N'avait-il pas jeter son dévolu sur Jane Bennet avant de demander Lizzie en mariage? 

Quelle vie aurait eu Charlotte Lucas si elle n'avait pas épousé Mr Collins : nous l'avons vu, elle aurait certainement fini vieille fille et à la charge de ses plus jeunes frères et sœurs. Un rôle pas très enviable.
Avec Mr Collins, elle a un toit à elle. Elle a, aussi, l'intelligence de manier Mr Collins et même si nous n'envions pas les dîners chez Lady de Bourg, cette dernière lui assure une position dans la société.  
Charlotte Lucas le dit à Elisabeth, elle n'a pas une vision romantique du mariage. Elle a, je pense, la même vision du mariage que la majorité des jeunes filles de son époque.
Après tout, toutes les jeunes filles n'ont pas la chance d'avoir un Mr Darcy.


Darcy's proposal / Pride and prejudice / BBC / 1995


Une jeune femme courageuse donc ! Un personnage secondaire intéressant dans ses choix. Représentative de son époque. Pragmatique et non romanesque. Intelligente. Elle pèse le pour et le contre de sa décision et choisit, elle-aussi, sa destinée à l'instar de Jane Bennet et de Lizzie.


Et si vous vous demandez si Mrs Bennet est une mère aussi frivole qu'elle y parait, vous pouvez venir en parler ici .
En revanche, si vous voulez parler de Mr Bennet et de son éducation, c'est par ! Et, si vous voulez en savoir plus sur Mary Bennet, je vous invite à cliquer ici.

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