Une saison à Longbourn


Jo Baker


Photo de couverture avis critique stock  Sophie Hanna isbn 978-2-234-07559-7


Une véritable déception !



Vous l'aurez peut-être remarqué : malgré mon admiration pour Jane Austen, je lis très peu de livres qui sont dérivés de ces romans.
Et pourtant, il y a l'embarras du choix : les journaux d'Amanda Grange où elle se met à la place des gentleman austeniens, les histoires à la Bridget Jones où les auteurs s'amusent à moderniser (avec plus ou moins de succès) les romans de Jane Austen et les adaptations très bizarres (oui, je vise Orgueil, préjugés et zombies).

J'évite, en règle général ces adaptations tout simplement parce que j'ai peur de ne pas retrouver "mes" personnages tels que je les aimés lors de ma lecture des romans de Jane Austen !
Si j'ai choisi de lire le roman de Jo Baker, c'est justement parce que les personnages principaux de ces romans ne sont pas les cinq filles Bennet mais leurs domestiques.
Le roman est sorti il y a quelques années au moment où Downtown Abbey connaissait un véritable succès et ceci explique le choix de l'auteur de mettre en avant les domestiques !

Et dès le départ, nous comprenons que leur vie n'était pas facile. J'imagine que l'auteure a eu peur que ses lecteurs envie la vie des serviteurs car elle nous offre tous les détails de la vie difficile qu'ils mènent. 
Et surtout, elle se sent bien obligé de nous dire que même si Jane Austen n'en parle jamais (Jo Baker ne s'est apparemment pas dit que ce que Jane Austen passait sous silence était tout simplement superflu) les filles Bennet étaient des êtres humains comme les autres.
Ainsi, nous aurons de nombreuses fois les détails intimes de leurs vies : oui, les filles Bennet ont leurs règles et oui ceux sont les serviteurs qui nettoient les tissus tâchés. Oui, les filles Bennet ont des pots de chambre et les utilisent. Oui, les filles Bennet sont des êtres humains.
Et ces détails, nous ne les aurons pas qu'une fois. Non, la jeune domestique va le répéter de page en page pour notre plus grand déplaisir !

Sur les 400 pages de ce roman, je pense qu'une bonne centaine de page est consacré à cela : et forcément, cela en est plus qu'ennuyeux !

Bien sûr pour que cela passe nous aurons le droit à une histoire d'amour poussive entre la jeune domestique et le valet James
Et, James est le plus gros problème du livre !

Pour en parler, je vais dévoiler l'intrigue donc surtout ne lisez-pas la suite de ma chronique si vous ne voulez pas vous gâcher la surprise :

James est donc embauché par M. Bennet au tout début de l'intrigue et vers la fin de l'histoire nous découvrons que ce dernier n'est autre que le fils illégitime que M. Bennet a eu avec sa domestique Mrs. Hill.
Comprenez bien, Mrs Hill a eu cet enfant avec M. Bennet et ce dernier ne l'a pas reconnu mais a payé pour qu'elle abandonne leur enfant.
Puis, elle s'est mariée avec l'intendant de M. Bennet (intendant qui est homosexuel et avec qui elle n'aura jamais d'intimité). Puis, M. Bennet s'est marié et à bien sûr gardé son ancienne amante à son service.
Je ne sais pas si à un moment donné Jo Baker s'est relue mais si elle l'avait fait, elle l'aurait peut-être compris à quel point la situation décrite est malsaine.
Enfin, à la fin du roman Mrs Hill a l'autorisation de servir M. Bennet dans sa bibliothèque et elle se dit que si elle l'avait épousée, cela aurait revenu au même.
Oui, parce qu'on peut nous pondre des pages sur la difficultés de la vie des domestiques pour ensuite nous dire que tout va pour le mieux quand on sert son ancien amant qui est marié et qui a abandonné leur fils.

Je n'ai pas du tout compris ce choix de la part de Jo Baker de faire de M. Bennet un homme capable de tant de cruautés.
Mais abîmer l'image de M. Bennet n'était pas suffisant, elle a aussi fait une Lizzie totalement méconnaissable. À un moment de l'histoire, la jeune domestique sert Lizzie à Pemberley et Lizzie ne demande rien d'autre que la rendre parfaite telle que Mr Darcy la veut !
Lorsque j'ai lu cette phrase, je n'ai eu qu'une envie arracher la page (la chose qui m'en a empêché et que ce livre ne m'appartient pas). Je ne pense pas que Lizzie puisse dire une telle phrase. Lorsqu'on a lu Orgueil et préjugés, on comprend que Lizzie est une femme indépendante au fort caractère et qui toujours ce qu'elle pense. Qu'elle veuille être belle pour l'homme qu'elle aime est normal.
Qu'elle veuille être parfaite telle que lui l'aime, ça m'étonnerait.
Surtout que ce qui séduit Mr Darcy est le répondant de Lizzie, il ne veut certainement pas d'une femme qui répondrait à ses moindres désirs.

Mais, si cela peut vous rassurer Wickham n'est pas non plus épargné : il offre des bonbons à une domestique de 12-13 ans (une enfant donc) en luis disant qu'il faut qu'elle soit douce et gentille avec lui.
Je veux bien qu'on critique Wickham, qu'on dise qu'il est un homme qui ne pense qu'à lui, un séducteur et un débauché,... C'est vrai. De là, à en faire un pédophile, Jo Baker n'a pas hésité et je trouve ça plus que discutable !


Je vous l'avoue : je suis très énervée par ce roman. 
Pour moi, tout est à jeter !
Je suis certainement très dure dans ma chronique mais je viens de finir ce roman et il y a quand même plusieurs passages où je me suis dit qu'il fallait me pincer pour voir si ce que je lisais était bien réel.

Si vous l'avez-lu et que vous l'avez apprécié, je serais ravie de savoir ce qui vous a séduit dans ce roman et surtout savoir ce que vous penser du traitement de la famille Bennet dans ce roman.

Commentaires

  1. Impossible que je lise ce roman ! J'ai lu ce que tu dévoiles sur l'intrigue et je ne comprends pas non plus comment l'autrice a pu présenter les personnages de Jane Austen de cette façon...

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    1. C'est quelque chose qui m'a vraiment "choqué". J'aurais peut-être apprécié ce roman si elle avait fait la même chose avec des personnages bien à elle mais là j'ai l'impression qu'elle a voulu surfer sur deux vagues : Jane Austen et Downtown Abbey et au final elle s'est complètement noyée (je ne suis pas fière de cette métaphore :p).

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  2. oula mince, compliqué compliqué là. Désolée que ça n'ait pas marché. J'aime bien généralement les reprises, je suis toujours curieuse de voir ce que les auteurs vont en faire.

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    1. Je suis trop attachée aux personnages je crois pour aimer ce roman. J'avais plutôt aimé une reprise de JAne Austen par Amanda Grange mais là... vraiment déçue !

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