Jane Austen... si moderne

De Thérèse Mallaisy




En tant que passionnée, très assumée, de Jane Austen, je guette chaque nouveauté paraissant sur cette auteur avec avidité et il y a quelques mois, j'ai acheté Jane Austen... si moderne.
Autant, le dire tout de suite, je n'aurais pas dû!



Première remarque et première irritation : Le nom de Jane Austen écrit tantôt correctement, tantôt Austin. J'ai supposé, à un moment, que c'était pour nous inciter à le prononcer correctement mais dans ce cas pourquoi ne pas le dire en préambule? 



Deuxième remarque : Le livre comporte des résuées très simplifiés des intrigues de Jane Austen : des phrases courtes sans vraiment de liens entre elles avec des photographies des adaptations télévisuelles donnant une impression de remplissage.
Je suis certainement dure mais si je n'avais pas moi-même lu les ouvrages de Jane Austen, je ne sais comment j'aurais pris de tels raccourcis lors du résumé de Persuasion :

"Pendant un voyage, Louisa a une mauvaise chute. 
Le médecin lui conseille le repos, de passer quelques temps à Lyme (ville côtière) chez les Benwick.
Le capitaine Wentworth s'éloigne alors de Louisa."

....

"Anne est ravie que le capitaine Wentworth n'ait pas pris Louisa comme épouse et qu'il soit à nouveau libre.
Il est maintenant un homme beaucoup plus riche qu'il ne l'était il y a huit ans"


Comment dire?

Ce résumé donne largement l'impression que les deux personnages principaux sont ... on va le dire poliment, des arrivistes.

Bien sûr, rien n'est faux dans ce qui est écrit mais la juxtaposition de phrases comme celles que je viens de citer est très maladroite! On en vient à des conclusions telles que c'est parce que Louisa a fait une mauvaise chute que Wentworth s'éloigne d'elle et c'est parce que Wentworth est beaucoup plus riche qu'il y a huit ans que Anne s'intéresse de nouveau à lui.
C'est, tout de même, un peu plus compliqué que cela. Wentworth est un jeune homme blessé, lorsqu'il revoit Anne et c'est, à la fois, cette blessure et l'orgueil (tiens, tiens) qui lui dicte sa conduite dans un premier temps et Anne a certes été très prudente dans la rupture de ses fiançailles huit ans plus tôt mais il faut re-contextualiser. Anne est la deuxième fille de Walter Scott et n'est qu'un nom et même un prénom : Jane Austen la présente comme étant "juste Anne" et n'a aucune fortune et Frédéric Wentworth n'avait aucune fortune : comment alors se construire un avenir ?




Troisième remarque : Des conclusions pas assez étayées.
Thérèse Mallaisy nous parle d'Aristote, de Rousseau, de Stendhal mais n'approfondit jamais vraiment ces sujets. 
Et surtout rien sur l'humour de Jane Austen : quand je vois le titre du livre, Jane Austen... si,moderne, je me dis qu'on va me parler de la vision de Jane Austen sur son monde, le recul que celle-ci a sur la société qui est la sienne.
Mais, non, rien. La citation la plus connue des ses oeuvre en est pourtant l'exemple parfait :

"C'est une vérité universellement reconnue qu'un célibataire pourvue d'une belle fortune doit avoir envie de se marier."

Jane Austen conseillait d'écrire seulement sur ce qu'on connaissait parce qu'elle voyait comme personne le ridicule de chaque situation. 


Et, enfin, et pour finir, toujours le même résumé de la vie de Jane Austen : Tom Lefroy, ses très courtes fiançailles (une journée) et son amour supposé pour un homme décédé peu de temps après leur rencontre.
C'est très personnel mais je n'aime pas les résumés de la vie amoureuse de Jane Austen. Il est connu que Cassandra Austen, sa sœur, a brûlé quasiment toutes la correspondance qui parlait de la vie intime de Jane Austen donc nous ne connaissons que très peu de choses sur celle-ci. Je trouve, donc, assez maladroit d'essayer de comprendre les œuvres de Jane Austen à la lumière du peu d'éléments que nous possédons sur sa vie privée. 




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Nymphéas noirs

Trois vies par semaine

The Ink Black heart : Sang d'encre [Tome 6]