Nouvelle Babel

 

 Michel Bussi

Surprenant

Comme vous le savez maintenant, j'apprécie particulièrement de lire des romans de Michel Bussi (enfin surtout ses premiers titres) et je suis aussi particulièrement critique avec ce romancier.

Il faut dire que quand on invente des problèmes qui semblent insolubles, j'aime que leurs résolutions soient cohérentes et je regrette souvent que cela ne soit pas le cas.

Nouvelle Babel est assez surprenant puisque, cette fois, Michel Bussi s'essaie au roman d'anticipation. 

Oui, vous m'avez bien lu!

Mais, ne vous inquiétez pas le roman reste un roman policier dans sa construction. 

 

Nous sommes, donc, en 2097 (ce n'est pas dans si longtemps, en réalité) et le monde a bien changé. 

Deux innovations sont principalement à noter : les gens peuvent se téléporter grâce à un gadget qu'ils gardent constamment à leur bras et l'idée de nation a disparu. 

Tout le monde vit dans le même monde (justement) et les frontières ne sont plus.

Pareillement, tout le monde parle le même langage (lequel ? nous ne le serons pas). 

Il n'y a plus qu'un président et qu'un gouvernement qui gère toute la terre (rien de moins que cela). 

Et, on nous fait comprendre que, globalement, tout le monde est plus heureux sur terre qu'avant. 

Même, la criminalité a baissé !

 

Pourtant, sur une île paradisiaque privée (car on n'est pas chez les communistes tout de même, le propriété privée existe toujours), dix retraités qui coulaient des jours heureux se font assassiner. 

Ceux sont trois policiers qui vont être charger de l'enquête.

Et, à cela, s'ajoutera un journaliste en quête du scoop de l'année et une institutrice qui est prise par l'action complètement par hasard. 

 

Et, cela ne va pas être de tout repos pour tous ces personnages. La piste terroriste est envisagée (des partisans de l'ancien monde certainement), et, le journaliste et l'institutrice ont le chic pour se retrouver là où il ne faut pas. 

 

Alors, côté positif, le côté anticipation est surprenant et assez bien écrit. 

Par contre, Michel Bussi devrait franchement changer d'éditeur et de relecteur pour ses livres : avoir des gens qui osent lui dire ce qui est incohérent et ce qui ne va pas est essentiel (j'y reviens dans les points négatifs). 

La téléportation comme moyen de transport, c'est rigolo. J'aime bien le concept du gadget attaché au bras qui rappelle notre téléphone portable qui est sans cesse avec nous (j'ai l'impression que le parallèle est flagrant).

Les courses-poursuites, l'enquête policière, les retournements de situation, franchement tout est très bien vu. 

Le livre fait franchement le job de ce côté là. Je l'ai dévoré car j'avais envie de lire la fin. Les personnages secondaires (je parle des policiers sont très bien écrits et je les ai suivis avec plaisir).

Par contre, côté négatif, nous sommes dans un monde sans frontières ou pendant les matchs de foot, on se sert des anciennes nations et des anciens drapeaux. 

Franchement, j'ai éclaté de rire en lisant l'explication donnée tant bien que mal par un des personnages pour justifier cela (d'ailleurs la coupe du monde de foot est suivie par tout le monde mais l'institutrice ne semble même pas connaître les "anciennes nations" qui jouent, ce qui est très peu vraisemblable). 

Ensuite, le narrateur ne cesse (pour éviter les répétitions certainement) de parler des personnages en disant "la coréenne", et "le sénégalais", par exemple. 

Je répète que nous sommes dans un monde sans frontières où plusieurs personnages ne semblent même pas connaître l'ancien monde. 

C'est ce genre d'erreurs qui me font dire que les éditeurs et relecteurs de Michel Bussi ne relisent pas ses romans.

Ensuite, je trouve qu'il y a un peu trop de leçons de morales ou de discours à la Miss France ("je veux la paix dans le monde") dans ce roman. 

Enfin, il y a un gros problème avec Cléo, l'institutrice.

C'est un reproche que je fais souvent sur les personnages féminins des romans de Michel Bussi. Ils sont trop caricaturaux et souvent une femme est trop parfaite pour être réelle.

Encore une fois, c'est un cliché (la fille normale mais qui est super sexy et dont tout le monde est amoureux) ambulant et elle semble n'être que le fantasme de l'écrivain. 

Ainsi, nous aurons des scènes décrivant l'institutrice nue, puis des scènes (ridicules) de sexe. Tous les hommes tombent sous son charme dès qu'elle croise leur chemin (mention spéciale au flic qui tombe amoureux d'elle en deux secondes chrono). 

Et, je n'ai pas encore dit qu'elle a des méthodes d'enseignements génialissimes, qu'elle est courageuse et qu'elle ne cesse de faire de longs discours assénant des vérités que tout le monde écoute. 

Parlons des discours des personnages, d'ailleurs, il y a de nouveau un problème. Les personnages sont à 80% complètement inconscient du monde d'avant. 

Par contre, dans leurs discours, ils prendront toujours en exemple des exemples du monde d'avant. 

Vous me suivez ?

Du coup, cela donne, de nouveau, des incohérences. Cela fait qu'on sort du roman parce qu'au fond on sent que Michel Bussi n'a pas réussit à expliquer assez son monde et son anticipation.

En bref, Nouvelle Babel est un roman assez intelligent mais est gâché par le fait qu'il y a de multiples incohérences et un personnage beaucoup trop caricatural.