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Le livre de ma mère

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Albert Cohen 4e de couverture : Peu de livres ont connu un succès aussi constant que Le livre de ma mère.  Ce livre bouleversant est l'évocation d'une femme à la fois "quotidienne" et sublime, une mère , aujourd'hui morte, qui n'a vécu que pour son fils et par son fils.  Ce livre d'un fils est aussi le livre de tous les fils .  Chacun de nous y reconnaîtra sa propre mère, sainte sentinelle, courage et bonté, chaleur et regard d'amour.  Et tout fils pleurant sa mère disparue y retrouvera les reproches qu'il s'adresse à lui-même lorsqu'il pense à telle circonstance où il s'est montré ingrat, indifférent ou incompréhensif. Regrets ou remords toujours tardifs. "Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis." Mon avis : Émouvant ! Maman est morte. Cette célèbre phrase commençant L'étranger d'

Littérature en musique (5)

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Heureux qui comme Ulysse Joachim Du Bellay Mis en musique par Ridan  Vous souvenez-vous de cette chanson qui nous avons entendu toute l'année 2007 (Dix ans déjà) ? Et bien, comme vous le savez certainement, il s'agit d'un Extrait des poèmes de Joachim Du Bellay issu de son recueil : Les regrets Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestui là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son aage ! Quand reverray-je, helas, de mon petit village Fumer la cheminee, et en quelle saison Reverray-je le clos de ma pauvre maison, Qui m’est une province, et beaucoup d’avantage ? Plus me plaist le sejour qu’ont basty mes ayeux, Que des palais Romains le front audacieux ; Plus que le marbre dur me plaist l’ardoise fine, Plus mon Loyre Gaulois, que le Tibre Latin, Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin, Et plus que l’air marin la douceur Angevine

Petit oiseau du ciel

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Joyce Carol Oates 4e de couverture : Quand Zoe Kruller , une jolie serveuse se rêvant chanteuse de country, est découverte brutalement assassinée dans son lit, la police de Sparta vise aussitôt deux suspects : Delray, le mari de Zoe, dont elle est séparée, et son amant de longue date, Eddy Diehl .  Mais, aucune preuve ne venant étayer les soupçons et les alibis semblant solides, l'enquête piétine. Les rumeurs qui courent deviennent alors légendes, ravageant au passage l'existence des deux hommes et imprimant un cours étrange à celle de leurs enfants.  Aaron Kruller et Krista Diehl , adolescents sacrifiés à l'histoire familiale, c hacun persuadé que le père de l'autre est l'assassin , conçoivent ainsi peu à peu une redoutable obsession réciproque. L'éloignement et les années n'entameront en rien cet étrange lien, comme en témoigne le récit de leurs souvenirs qu'ils font tour à tour.  Aussi, lorsque longtemps après le drame ils se

A suspicious river

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Laura Kasischke 4e de couverture : À 24 ans, Leila occupe la fonction de réceptionniste dans un motel de Suspicious River, une petite bourgade sans histoires du Michigan.  Elle décide de profiter de sa situation pour se prostituer , plus pour partir en quête d'elle-même que pour l'argent, qu'elle économise sans y penser. Déchirée entre le passé traumatique de l'enfance et le présent d'une vie de couple insignifiante, elle se laisse entraîner dans une spirale sans fond...  Pour son premier roman, Laura Kasischke ne donne pas dans la dentelle. Sans rien pour la souligner ni la surcharger, son écriture accentue la violence et la crudité de l'impitoyable descente aux enfers de son héroïne. Des premières pages brûlantes, une intrigue dérangeante, un épilogue terrifiant : Laura Kasischke fait une entrée remarquée en littérature. Mon avis : Un livre dérangeant dans le bon sens du terme Je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, j&

La tache

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Philip Roth 4e de couverture : Convoqué pour répondre d'une accusation de racisme, le professeur et ancien doyen Coleman Silk, éminent spécialiste des auteurs de l'Antiquité, se voit contraint de mettre un terme brutal à ses fonctions.  Étrange ironie du sort pour celui qui a toujours refusé de se laisser dicter son destin par une société hostile et ségrégationniste...  Philip Roth décrit l'effritement inévitable d'un individu dont toute l'existence repose sur un mensonge. Spécialiste de l'âme humaine, il interroge la condition des Noirs aux États-Unis, fouille la conscience morale d'une Amérique sinistrée et donne à cet impressionnant voyage au bout de la nuit une atmosphère d'impuissance, d'échec et de frustration. La violence crue de cette ouvre paroxystique, menée avec sensualité et intelligence, en fait l'un de ses plus fascinants romans. Mon avis : Que penser de ce roman ? Je l'ignore toujours. J'

Antigone

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Jean Anouilh "Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout à l'heure, qu'elle va surgir de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi elle aurait bien aimé vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout...  J'adore ce prologue . Quelle finesse de la part de Jean Anouilh. Mélangeant fiction et réalité, le personnage et l'actrice : de qui parle t-il en fin de compte ? De l'actrice ou de personnage d'Antigone ? Il présente la scène que nous allons voir (et

Berthe Morisot

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Dominique Bona 4e de couverture : Cette jeune femme en noir, au bouquet de violettes, aux yeux profonds, que peint Manet dans les années 1870, c'est Berthe Morisot.  Elle garde sur son visage altier comme un secret. Un modèle parmi d'autres ?  Non : la seule femme du groupe des Impressionnistes . Berthe Morisot, née dans la province française en 1841 , fille de préfet, peint et expose parmi ce clan d'hommes, ceux qui sont encore des réprouvés sans public, des réfractaires à l'art officiel : Manet, Degas, Monet, Renoir. Ardente mais ténébreuse, douce mais passionnée, aimant la vie de famille mais modèle et amie ; et qui sait ? Peut-être davantage - d'Edouard Manet dont elle épouse le frère : il y a une énigme dans les silences et les ombres de Berthe Morisot. Dominique Bona, puisant aux archives inédites, fait tournoyer la fresque de l'Impressionnisme : de Giverny aux plages normandes, de Mallarmé rédigeant des billets doux pour Méry Laur