Cinna

Pierre Corneille

4e de couverture :

Corneille, on le sait maintenant, était un profond analyste de la vie et du pouvoir politiques. Il raconte ici l'échec d'une conjuration - seule forme d'opposition sous la dictature - et le pardon qui la suit.

Sous l'intrigue apparente, et historique, il a voulu montrer le drame du pouvoir vieillissant, de l'opposition impuissante, des individus dépassés par des forces qui les écrasent. Cette tragédie n'a donc rien perdu de sa puissance, ni de son actualité.

Mon avis :

Un chef d'oeuvre. 

J'admire Corneille depuis longtemps : j'admire ces chefs d’œuvres comme Le Cid et Horace. Je connais certains dialogues de ses pièces de théâtre sans jamais avoir cherché à les apprendre. Je relis certaines scènes régulièrement,...

Et, j'ai lu récemment pour la première fois : Cinna.

Et encore une fois, j'ai été subjugué par la beauté de l'histoire et celle des dialogues.

L'histoire tout d'abord : 

Emilie proclame sa vengeance contre l'Empereur Auguste, responsable pour elle de la mort de son père. Elle est pourtant devenue entre-temps la protégée d'Auguste mais liée à son serment de vengeance, elle déclare à son amant Cinna qu'elle ne l'épousera et qu'il sera  digne d'elle que si il tue l'Empereur.

Cinna et Maxime (qui pour compliquer les choses est lui aussi amoureux d'Emilie), proches d'Auguste, fomentent donc un complot contre Auguste.

Et c'est justement à ce moment là que l'empereur Auguste décide de convoquer les deux chefs du complot. Il les surprend tous deux  en leur disant qu'il est lassé du pouvoir suprême et des complots et qu'il aimerait restaurer la République.

Si Maxime abonde dans le sens de l'Empereur, Cinna, lui, plaide en en la faveur de la conservation du pouvoir par Auguste.

Après cet entretien, Maxime lui demande donc pourquoi et Cinna lui avoue son serment fait auprès d'Emilie....

Vous le comprenez donc, nous sommes dans une intrigue où se mêle à la fois l'amour, les serments et le pouvoir. Les enjeux sont multiples pour chaque personnage.

Et en quelques pages, comme toujours, Corneille nous montre les faiblesses et les forces des personnages présents sur scènes. Il nous donne leur dilemmes dans de superbes monologues. 

Aucun acte héroïque dans cette pièce de théâtre si ce n'est les actions d'Auguste : car si c'est Cinna qui donne le nom à cette pièce de théâtre, c'est bien Auguste qui ressort grand vainqueur à la fin de la lecture.

Une lecture merveilleuse que je vous recommande donc vivement.

Difficile de ne ressortir qu'un seul des vers pour vous donner envie de la découvrir. Je pourrais ouvrir ce livre à n'importe quelle page au hasard et vous répéter que les dialogues sont merveilleux. 

"Que de sujets de craindre et de désespérer,

Sans que mon triste cœur en daigne murmurer !

A chaque occasion le Ciel y fait descendre

Un sentiment contraire à celui qu'il doit prendre,

Une vaine frayeur tantôt m'a pu troubler,

Et je suis insensible alors qu'il faut trembler.

..."