Le cœur et la Raison [Raison et sentiments]


Jane Austen

[Relecture]

Photo de couverture Avis Blog Sense and sensibility Relecture isbn 978-2-07-035922-6


4e de couverture :


Sense and sensibility est le premier roman que publia Jane Austen (1811). Le livre procède, si l'on considère le titre, d'une opposition entre deux trais fondamentaux : le bon sens et la sensibilité, qui seraient incarnés par deux sœurs, Elinor et Marianne.
 Mais l'une et l'autre sont bien pourvues de ces deux qualités, si Elinor possède plus de jugement, et si Marianne, en adepte du romantisme, a tendance à cultiver les élans de sa sensibilité. Notamment lorsqu'elle tombe aveuglément amoureuse du héros de ses rêves, Willoughby, un homme superficiel, tourné vers l'argent, qui va la décevoir profondément. La sage, la raisonnable Elinor, qui l'avait mise en garde, avait-elle donc raison ? Et le secret du bonheur serait-il dans l'usage du jugement ?

C'est l'être isolé affrontant la société, qu'analyse Jane Austen.
La raison consiste à s'ajuster au monde, et non à le braver, à observer des règles qu'on ne peut changer, plutôt qu'à cultiver des rêves et des états d'âme condamnés à rester sans réponse.


Mon avis :

Un chef d'oeuvre évidemment !


Lors de ma première lecture de Raison et sentiments, j'avais tellement hâte de connaitre le fin mot de l'histoire (qui est réellement Willoughby ? Edward est-il vraiment fiancé à cette peste de Lucy Steele ?...) que j'en ai oublié de savourer l'écriture et l'humour de Jane Austen....

Et, je me suis vraiment régalée pendant cette lecture. Encore une fois je suis admirative de la façon de Jane Austen de décrire son quotidien avec finesse, légèreté et humour.
Lorsqu'elle parle des visites "obligatoires" que doivent se faire les voisins entre eux pour avoir une bonne vie sociale, je ne pouvais que me l'imaginer lors des ces propres visites notant intérieurement le comportement qu'ont les gens de sa connaissance.
Et je me dis que Jane Austen aurait fait une excellente sociologue. Un exemple de son regard acéré sur la société qui l'entoure :

"Dans toutes les visites de politesse on devrait inclure un enfant pour alimenter la conversation. Dans le cas présent, il fallut dix minutes pour déterminer si le petit garçon ressemblait davantage à son père qu'à sa mère et par quel aspect particulier à l'un et l'autre car, naturellement, le désaccord était général et chacun s'étonnait de l'opinion des autres."

En plus de toutes ces parties qui m'ont plus qu'amusé, l'histoire m'a complètement transporté une nouvelle fois, et, même en connaissant la fin.
Bizarrement, j'ai trouvé beaucoup plus de circonstances atténuantes à Marianne que lors de ma première lecture. Je me souviens l'avoir trouvé assez égoïste la première fois, trop centrée sur elle-même  et incapable de voir que sa sœur Elinor souffrait autant voire plus qu'elle.
Marianne m'a donc beaucoup plus touchée que la première fois même si pour moi la véritable héroïne de ce roman reste Elinor.

Elinor, pour moi, est vraiment un personnage féminin fort
Elle comprend Edmund et ne le juge pas. Elle souffre et ne le montre pas. Elle est assez intelligente pour comprendre qui est Lucy Steele et lire entre les lignes de son comportement. Et, même si elle ne peut pas faire grand chose contre elle, elle ne se laisse pas faire et a suffisamment de répondant pour faire face aux mesquineries de Lucy Steele.
D'ailleurs, j'ai beaucoup apprécié leurs dialogues tout en faux-semblant. Encore une fois, Jane Austen a une telle maîtrise de son art qu'elle nous laisse savourer les attaques sous la politesse et la haine sous l'amitié de façade.

Et même si Elinor fint par triompher de Lucy Steele, j'ai apprécié que la fin ne soit pas : les méchants sont punis et les gentils heureux éternellement. Au contraire, elle modère ces propos en montrant que Lucy Steele en grande manipulatrice arrive plus ou moins à ses fins. 
Et même Willoughby et son épouse ont le droit à quelques phrases neutres : ils ne seront pas toujours malheureux dans leur couple (toujours cette ironie de la part de Jane Austen et toujours cette connaissance de l'être humain).

Je trouve que ce roman est proche de la réalité que devait être celle de Jane Austen. J'en ai déjà beaucoup dit à la fois sur ce roman et sur Jane Austen.
Je ne peux que conseiller de le lire ou le relire et de savourer cette lecture.

Ce roman est plus qu'un coup de cœur, c'est un véritable chef d'oeuvre de la littérature.


Commentaires

  1. J'ai lu plusieurs de Austen mais je ne crois pas avoir lu celui ci encore. Mais de toute façon je compte tous les lire !

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    1. Très bonne idée. Je suis en pleine relecture de ces romans : en ce moment c'est Northanger Abbey.

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  2. Il faudrait que je me replonge dans l’œuvre de Jane Austen. J'adore cette auteur et pourtant que je n'ai lu que deux de ses romans ! Honte sur moi. Raison et Sentiment fait partie de mes lacunes alors qu'il a l'air vraiment sympa.

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    1. Ah oui il est très bon ! Comme tous les Jane Austen et je l'ai plus apprécié à la relecture (ce qui est rare chez moi).

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  3. Très belle chronique ! Je suis tout a fait d'accord avec toi quand tu dis que Jane Austen a un regard acéré sur la société et qu'elle nous donne un bel aperçu des faux semblants qui devaient régner à l'époque dans la société aristocratique. J'aime beaucoup ses dialogues qui, tout en politesse, sont pleins de sous entendus et de propos venimeux.

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    1. Merci !
      Oui, à la relecture j'ai vraiment savouré ces dialogues. En lisant Raison et sentiments, je me suis fait la réflexion qu'il ne devait pas falloir la chercher Jane Austen ! Elle devait avoir un sacré caractère elle-aussi.

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  4. C'est un roman que j'aime un peu plus à chaque fois que je le relis !

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